pile, je gagne ; face, tu perds.

« Alice Londubat, Frank Londubat, et Rodolphus Lestrange. »

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A Poudlard, il y a toujours eu des guerres, des luttes. Plus futiles, d'une certaine façon. Et, à la fois, tout à fait déterminantes. Un jour ou l'autre. Mais, à cette époque, Rodolphus Lestrange est connu pour ne s'entourer que des meilleurs sorciers, accessoirement de sang-pur. Et il ne peut que constater la force, et le pouvoir, de Alice Londubat, une sorcière incisive, acide, qui, si elle manque des bonnes relations, n'a que le meilleur des potentiels. Et c'est dans le but de l'attirer de son côté qu'il s'est rapproché d'elle, qu'il tente de la convaincre de se laisser amener du côté des forts, des vainqueurs. Mais c'est, évidemment, sans compter sur l'influence - et l'intervention - de Frank Londubat.

Contraintes :
- Frank Londubat n'interviendra qu'après un moment (à choisir).
- Alice Londubat devra se prêter à la conversation (libre au joueur de faire en sorte qu'Alice soit tentée ou non par l'idée - à votre guise).

Autres :
- La relation entre Alice et Frank Londubat est à votre goût.
- Le Sinistros n'interviendra plus (mais Peeves...).
- Bellatrix Lestrange pourrait intervenir ultérieusement (si nécessaire).

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S'il y avait bien une chose à laquelle Alice n'avait jamais adhéré, c'était toutes les théories sur la pureté du sang que ses parents avaient toujours cherché à lui inculquer. Déjà enfant, elle avait toujours douté que la consanguinité puisse vraiment renforcer la magie et rejoindre Pouldard n'avait fait que renforcer son opinion. A force de côtoyer des Sang-Pur tous plus imbus de leur personne et extrémistes les uns que les autres, elle en venait presque à haïr son propre patronyme, qui l'associait à ceux qu'elle s'efforçait d'éviter. Bien sûr, tous n'étaient pas à mettre dans le même panier et elle pouvait citer plusieurs autres sorciers issus de grandes familles et qui gardaient la tête sur les épaules. Frank Londubat, par exemple. Seulement, elle en venait à croire qu'ils faisaient plus figure d'exception qu'autre chose, ou alors, qu'ils ne compensaient pas suffisamment les affres de leurs congénères pour qu'on se rappelle d'eux. Au contraire, des noms comme Lestrange ou Black inspiraient le respect, quitte à traumatiser grand nombre de Nés-Moldus. C'était exactement pour cela qu'Alice faisait son possible pour ne pas avoir à les fréquenter, sans toutefois pouvoir exprimer librement le mépris qu'ils lui inspiraient. Ses parents, après tout, étaient comme beaucoup redevables de ces grandes familles, et ils n'hésitaient pas à lui faire comprendre qu'il serait de bon ton qu'elle s'entende avec leurs descendants. Si la jeune Bennett trouvaient ses parents affreusement lâches, elle n'était pas encore prête à leur désobéir totalement.

Alors, quand ce jour-là, Rodolphus Lestrange vint s'asseoir à ses côtés, à la table commune des Gryffondors, il n'arrangea guère ses affaires. Heureusement pour elle, ce genre d'événements arrivait assez peu souvent, peut-être parce que son nom n'était pas assez clinquant, ou peut-être parce que leurs tables respectives étaient trop éloignées l'une de l'autre. Seulement Alice savait qu'elle ne pouvait ni ignorer, ni congédier l'aîné des Lestrange. Pourtant, vu l'individu, ce n'était pas l'envie qui manquait. Elle prit toutefois sur elle, comme elle avait trop l'habitude de le faire, pour refermer le livre d'Arithmancie qu'elle lisait et lever les yeux vers lui. Chez Rodolphus, tout était calculé, rien n'était laissé au hasard, lui semblait-il alors, elle était sure qu'il était là pour une raison, qu'il dévoilerait de manière plus ou moins subtile. Tant qu'à faire, la sorcière avait envie de s'en débarrasser au plus vite et c'est bien pour cela qu'elle demanda simplement et le plus poliment possible :

« Je peux t'aider, Lestrange ? »

Avec lui, impossible de se risquer sur le chemin de l'ironie sans être démasquée et, comme elle ne voulait pas causer d'esclandre en pleine Grande Salle, elle fit l'effort de lui sourire brièvement. Peut-être que cela aiderait à masquer le malaise que sa présence lui inspirait. En soi, Rodolphus Lestrange n'avait pourtant rien pour l'impressionner, seulement, qu'il vienne la voir ne signifiait rien de bon, soit pour elle, soit pour ses parents. Il l'obligeait donc à la jouer finement et elle détestait avoir ainsi l'impression de dépendre de son bon vouloir ainsi, d'être suspendue à ses lèvres comme s'il allait prononcer une sentence à son encontre d'une seconde à l'autre.

« Où tu vas ? le retint Rabastan par le bras. » Avisant son cadet, et se dégageant de l'étreinte, Rodolphus ne lui confia que la réponse d'un sourire, ténu et ironique, comme il l'était souvent. Après tout, et à cette époque, l'héritier Lestrange était encore un jeune homme oisif, bordé par la certitude et comme une sorte de destinée. Il était persuadé, aussi, que certains sorciers valaient mieux que d'autres (et cela, en revanche, n'allait pas changer). Et le premier de ses congénères que Rodolphus considérait comme inférieur n'était autre que son frère, ce frère qui ne pouvait jamais comprendre les véritables enjeux de leur vie, le véritable enjeu tout court. En quittant la table des Serpentard, il sentit encore les regards posés sur sa nuque. Pas seulement celui de Rabastan. Il y avait Lucius. McNair. Crabbe. Ils faisaient encore peser sur lui toutes ces iris inquisitrices qu'il avait déjà pris place à la table Gryffondor, juste au côté d'Alice. Alice Benett, cette sorcière qui bafouait chaque jour un don tenu d'une force incroyable par ses fréquentations.

Rodolphus avait le talent de tenir et l'attention et la méfiance de ses comparses. Il l'avait toujours eu. D'abord par légende, puis par le caractère. A présent, il était assez respecté pour être écouté, et assez craint pour être gardé à distance. Aussi ne prit-il pas ombrage de la défiance silencieuse qu'elle lui accorda pour toute entrée : « Je peux t'aider, Lestrange ? » Et lui sourit. « Il y a peu de chance, reconnut-il. Il y a vraiment peu de chance, je dois dire. Mais, moi, continuait-il, je peux certainement t'aider, en revanche. » De simplement assis sur les grands bancs, il passa à califourchon, laissant ses deux mains s'appuyer sur le bois, et accusant une proximité toute relative avec son interlocutrice. « Tu dois en avoir assez - n'est-ce pas ? - d'être considérée comme une sang-pur alors que tu n'en démontres pas le quart du talent ? Oh oh, se recula-t-il aussitôt d'un franc rictus. Ne te vexe pas. Loin de moi l'idée de t'insulter, en vérité... » Il ne cessait de sourire lorsqu'il se tourna vers la table des Gryffondor, où quelques élèves lui lancèrent de longs regards réprobateurs. « Puis-je vous aider ? leur fit-il. Je me ferai un plaisir de tous vous corriger si vous persistez à me regarder ainsi... Personne n'a appris à votre pauvre condition qu'il vous faudrait un peu plus de déférence pour le meilleur des sangs, sinon pour sa capacité à vous botter le cul jusqu'à ce que vos moldus de parents le ressentent à leur tour ? » La plupart baissa les yeux, les autres se contentèrent de pester, grogner, d'injurier, par moment, avant que chacun ne s'éloignât simplement de la conversation, offrant comme un vaste espace de liberté de parole aux deux concernés. Alors, seulement, Rodolphus en revint à Alice. Ah, Alice... « Vois-tu, je sais exactement ce que tu penses de moi, ce que tu penses des gens comme moi (ses yeux se perdirent un moment en direction des Serpentard), mais je sais aussi que tu te trompes... que, sous prétexte d'être meilleure, d'être tolérante, tu es prête à t'entourer des plus vils animaux du monde magique plutôt que de leur préférer ceux qui te ressemblent. Les gens comme moi. » Il passa encore une fois à cheval sur le bas, sa robe de sorcier étalée tout autour de lui. « Alors, écoute, le choix est relativement simple : reste avec les imbéciles qui se croient meilleurs, si bons, sous prétexte d'être faibles, ou laisse-moi une chance de te montrer que tu as tout gagné à accepter ce que tu es, et à rejoindre, non pas de vagues sang-pur imbus de leur légende, mais bien ceux qui vont vaincre... Tu sais, un jour, tu devras forcément faire ce choix : gagner ou perdre, faire ce que vous appelez le Bien ou te résigner à l'idée qu'il n'y a que les plus forts qui survivent. Toujours. » Après quoi, Rodolphus lui tendit la main, sereinement. Il imaginait déjà sa réaction, outrée, présomptueuse, tout à fait à l'image de ses amis... Frank Londubat, et tutti quanti. Mais ce n'était peut-être pas dans un autre but qu'il était venu jusqu'à elle non plus.

Si Rodolphus avait pris la peine de traverser la Grande Salle pour s'asseoir à la table des Gryffondor, et aux côtés d'Alice, c'était qu'il attendait quelque chose d'elle. Elle le savait parfaitement et, surtout, tous ses camarades, avec leurs yeux rivés vers les deux sorciers, l'avaient bien compris. Elle répudiait pourtant qu'on puisse, d'une manière ou d'une autre, l'associer à un tel type. Puisqu'elle ne pouvait pas le renvoyer, lui, elle se contenta donc de jeter un bref regard aux personnes de l'autre côté de la table, comme pour les dissuader de tout commentaire qui, elle en était certaine, n'aurait fait qu'empirer les choses. Bien trop vite, toutefois, la voix de Lestrange s'adressa à elle et elle fut bien obligée de reporter son attention vers lui. Il voulait l'aider ? Franchement, elle avait un peu de mal à voir comment. Mais, une fois de plus, elle ravala sa réponse pour se contenter de le fixer, partagée entre la méfiance et l'aversion. Néanmoins, son silence n'arrêta pas le Sang-Pur qui passa à califourchon sur le banc, se rapprochant dangereusement d'elle, avant de continuer à lui expliquer la raison de sa venue. Bien évidemment, quand il se mit à l'insulter, en affirmant qu'elle ne démontrait pas le quart du talent d'un sorcier de son rang, Alice fut piquée dans son orgueil. Elle fronça alors violemment les sourcils, déjà prête à lui faire ravaler ses propos à coups de baguette magique, tant pis pour les dizaines d'heures de retenue qu'elle récolterait. Et, plus encore, tant pis pour les relations de ses parents. Toutefois, Rodolphus continua à parler et elle laissa filer l'occasion, préférant maudire intérieurement ses airs supérieurs et son sourire hypocrite plutôt que de passer à l'action. Comme s'il jouait une pièce de théâtre où il était lancé dans un monologue, l'attention du jeune homme se reporta vers les autres Gryffondor, attablés un peu partout autour d'eux et qui, pour la plupart, leur accordaient des regards noirs. Ses paroles eurent au moins le mérite d'en faire fuir certains, et de faire baisser les yeux aux autres, laissant Alice seule à ce qui ressemblait vraiment à un supplice.

Une fois qu'ils furent plus ou moins seuls, le sorcier poursuivit, expliquant qu'il savait parfaitement ce qu'elle pensait de lui, et des sorciers dans son genre. Alice ne se gêna pas pour jeter elle aussi un œil vers les Serpentard et, puisqu'il était inutile de faire semblant avec l'aîné des Lestrange, la sorcière ne fit rien pour le cacher le dégoût que cette vision lui inspirait. Quand il affirma qu'elle se trompait, la demoiselle eut un léger rictus ; elle demandait à voir. Il acheva finalement son petit discours en lui demandant de faire un choix puis lui tendit la main, pour sceller un accord qu'il semblait certain de conclure. Pour rien au monde, elle ne serrerait cette main. Tout comme elle ne renoncerait jamais à ses convictions, encore moins pour rejoindre le clan mené par Rodolphus. Mais tout cela, le sorcier le savait déjà, tout comme il devait avoir deviné sa réaction. Alors, pourquoi avait-il pris la peine de se déplacer ? Juste pour le plaisir la voir s'insurger contre lui ? Ou bien, peut-être, pour donner raison à ses « amis »... Quelque soit la raison, elle n'aimait pas franchement l'idée qu'il l'utilise d'une quelconque manière. Alors, elle décida de le surprendre - ou en tout cas, essayer de le faire. Elle prit donc sur elle pour ne pas lui répondre tout de suite et ravaler toutes les répliques cinglantes qui lui venaient à l'esprit. Elle le fixa alors pour lui demander :

« Les plus forts ? J'espère que tu ne parles pas de ceux qui t'attendent avidement, là-bas. Vu d'ici, j'ai du mal à croire qu'ils puissent faire quoique ce soit sans un ordre de ta part. » Elle sourit légèrement avant de poursuivre : « Franchement, je n'ai pas vraiment envie de rejoindre ta bande de laquais et je pense que tu le savais parfaitement en venant ici. » A son tour, elle se pencha légèrement vers lui, espérant ajouter ainsi à sa crédibilité. Puis elle acheva en lui lançant d'une voix acide : « Dis-moi donc, Lestrange, qu'est-ce que tu viens faire ici, exactement ? Et pour quelle raison devrais-je te serrer la main ? » Persuadée qu'il n'avait aucune réponse valable, elle haussa les épaules avant de se redresser, voulant éviter à tout prix de rester trop près du sorcier, encore moins en plein milieu de la Grande Salle, à la vue de tous.